top of page
  • Twitter Square

Follow me on Twitter

  • flickr-square

Follow me on Flicker

Les paysans dans l'arrière de  la guerre de A à Z...

 

A comme Alambic.- A mesure que la guerre s’allonge, le nombre d’alambics va diminuer dans les campagnes ; raison de cette pénurie de machines, alors que la demande d’eau-de-vie est sans cesse croissante, la forte demande de cuivre. L’État lance des offres alléchantes de rachat des machines pour récupérer le cuivre indispensable à l’industrie de guerre. Dans le Périgord l’offre était de 4 francs le kilo de cuivre.

A comme Américains à Vierzon.- Les troupes américaines qui pour certaines débarquent sur la côte des Charentes, passent ou cantonnent dans nos territoires (Périgord, Limousin, Berry, Auvergne, Bourbonnais). Un témoin de ce passage, vestige d'une archéologie du bâti, c'est le hangar du site du moulin de l'Abricot à Vierzon. Il s'agit d'un hangar en bois construit comme une vaste halle. Les troupes américaines l'ont utilisé comme entrepôt pour leurs détachements de l'arrière cantonnées dans le Berry. Ce hangar a été apporté en pièces détachés des Etats-Unis, par bâteau, en 1917, pour être construit dans ce quartier des bas de Vierzon. Lorsqu'ils ont quitté la France, au lendemain de la guerre, les américains ont vendu le bâtiment qui est resté sur place, il a été utilisé par l'usine des porcelaines Blin qui en a alors fait son atelier de broyage de sable et de terre pour la préparation des pâtes à porcelaine. Le hangar américain de l'Abricot à Vierzon est toujours debout et visible en 2013.

A comme arbre.- (Comme arbre de la Victoire). Dans la tradition de la plantation des arbres pour symboliser un acte collectif  (arbre de la Liberté, arbre de mai, etc.), on a planté au lendemain de la guerre l'arbre de la Victoire. Ce phénomène a été observé au cours au moins de trois dates symnboliques: le 14 juillet 1919, le 14 juillet 1920 et le 11 novembre 1920. Ce sont en général des chênes, arbres symboles de la Nation française, qui furent ainsi plantés. On a conservé quelques photos d'époque et notamment celle de la plantation de l'arbre de la Victoire du Puy-en-Velay (Haute-Loire).

B comme battage.- La scène se passe en Périgord en août 1917. Nous sommes dans une borie du Périgord, ces petites fermes des pechs du Périgord noir près du bourg du Bugue. Justin Descombes, du 108è R.I., est en permission, il est rentrée pour les battages. Selon le mot local on va "dépiquer" avec la batteuse entraînée par la locomobile à vapeur. La scène rapporté par Justin Descombes lui-même évoque un battage qui a perdu les joies d'antan. " (...) on n'entend pas ces éclats de rire ou ces cris enjoués des années passées. Nombre de femmes sont là,  à faire passer des gerbes sur la plate-forme de la batteuse ou à manier la fourche pour entasser la paille à la place de leur mari absent. Des gamins ou des vieillards que l'on ne voyait pas sur ce type de chantier tiennent la place occupée auparavant par des hommes vigoureux."

B comme blé de printemps.- En 1918 beaucoup de cultivateurs du Périgord sèment du blé de printemps. Le pays manquant de farine, les autorités incitent à cette production. Une céréales tellement importante qu'il sera rigoureusement interdit d'en donner en provende aux animaux. Une chronique du bourg du Bugue signale que la qualité du pain se dégrade à mesure que dure la guerre. Début 1918 on fabrique le pain, au Bugue, avec un mélange de farines de froment, maïs, orge, seigle, féveroles.

B comme boulanger.- C’est début 1917 que les pénuries de farine s’accentuent. Avec en particulier l’instauration de la carte de pain en 1917 qui oblige en particulier les boulangers a produire uniquement des gros pains qui ne peuvent être vendus que douze heures après la cuisson. Ce pain ainsi légèrement rassit est supposé susciter moins d’appétence chez les consommateurs et ainsi durer plus longtemps.

B comme Brabant.- Le lendemain de la guerre va coïncider avec une modernisation de l'outillage des labours en Corrèze et en Périgord. C'est ainsi que la vieille araire va être progressivement remplacée par le brabant double, un soc réservible qui laboure plus profond et qui se manie avec moins de peine que la vieille araire.

C comme Chaleil.- Le chaleil ou caleil est, dans le Périgord, une simple lampe à huile. C’est probablement la forme d’éclairage rustique le plus archaïque qui soit. On trouve dans l’Égypte ancienne des lampes en terre cuite qui ont la forme des caleils. Ils ont peu changé au cours des temps,  seule concession à l’évolution, ils sont en cuivre. Ces chaleils vont être remis en service en Périgord à la suite de la pénurie d’énergie, pénurie de pétrole lampant et pénurie de charbon.  C’est ainsi que dans les principales villes du département de la Dordogne les rues ne seront plus éclairées, le charbon alimentant les centrales électriques étant économisés pour d’autres usages et  notamment celui des chemins de fer. On retrouve des témoignages dans les lettres de guerre des poilus du Périgord selon lesquels, dans les fermes du Périgord noir, on remet en service les chaleils qu’on alimente souvent avec de l’huile de noix  produite dans l’autarcie des fermes ou avec du gras de suif animal. En décembre 1917 en Dordogne, l’évêque donne pour consigne à ses prêtres de paroisses d’annuler les messes de minuit pour économiser l’énergie.

C comme chiffres.- En 1918 quand sonne la fin de la guerre, on dénombre chez les paysans 700.000 morts et environ 500.000 mutilés et blessés. 1/4 des actifs agricoles sont morts ou sont invalides.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

/... la suite de l'alphabet sur le blog suivant:  http://derdesders.blogs.nouvelobs.com

Comment les paysans de ces régions ont-ils vécu la grande guerre depuis l'arrière ? Certes chaque famille ou presque avait un ou plusieurs poilus sur le front. Certes chaque famille avait dû plus ou moins répondre aux demandes de réquisition des animaux et des produits. Mais c'est aussi le temps des hôpitaux de l'arrière, des rumeurs les plus folles,  c'est aussi le temps d'une vie quotidienne forcément bouleversée. Ce glossaire est un essai d'inventaire de ces campagnes du lointain arrière qui sont pourtant dans la tension quotidienne de la guerre.

© 2013 by Bernard Stéphan, droits réservés  

bottom of page